- pandaweb a écrit:
- Wahoo superbe série !
Il est vrai que la première fait un peu 'compressée' mais le cadrage est très bien.
La 5 pourait être sympa mais quelque chose me dérange (? )
Les photos 3 et 4 sont au top pour moi ;o)
En plus je dois y aller prochainement, ça me donne des idées, merci !
Eh bien merci pour ses belles paroles.
gfm
Photo N°8 (une vue du pont sur l'Orbieu).
Pour ceux qui s'intéressent à l'histoire.
Nous vous invitons à découvrir avec nous l'histoire de notre beau canton...
Il est passé par ici ? Peut être. Mais qui donc? L'homme de Tautavel, pardi ! Mais ça fait un bail : 450 000 ans. En fait notre beau pays à toujours été habité. Le brave Néanderthal (- 90 000 > 35 000) a laissé ses marques un peu partout : racloirs, couteaux. L'Homo Sapiens aussi semble s'être beaucoup plu chez nous (- 35 000 > 10 000) et l'Homo Sapiens Sapiens (quelle intelligence!) est presque ... notre arrière arrière grand-père ; il laisse un peu partout sur son passage tout un matériel façonné sur os : pointes, aiguilles, harpons,etc... dont on trouve encore quelques vestiges. Le changement climatique termine la dernière glaciation et fait fuir les Magdaléniens vers le nord. Et nous arrivons tout doucement à nos premiers paysans Néolithiques (- 6000 > 1500). De nouvelles races s'installent sur notre sol et de nouveaux outils apparaissent : on élève, on cultive, la céramique progresse.
- 3500 : voici la civilisation Chasséenne puis le Néolithique final ( > 2500 ans) : c'est une véritable révolution pastorale et agricole. Le pays est en pleine expansion ; nous en avons pour témoignage des dolmens (80), des menhirs (20), des tombes communes ou sépultures collectives.
Un peu plus tard, des progrès significatifs à l'âge du bronze (- 1800 > - 700) ; haches à rebord ou bracelets sont produits sur place. On peut trouver leurs traces à Saint Pierre des champs, Montlaur, Caunettes en Val, Taurize, Serviès en Val. Le fer détrône le bronze qui avait détrôné la pierre. Notre région vit déjà un métissage de peuples : les Ibères dont l'influence est importante, les Celtes et les Ligures. Le pays s'organise en agglomérations parfois fortifiées. Des vestiges subsitent partout dans les alentours : Mayronnes, Saint Pierre des champs, etc...
Mais progressivement la culture romaine pénètre la région. Les permières colonies latines se créent à Narbonne et l'économie se développe ; l'outillage agricole se perfectionne et par conséquent l'agriculture. La stabilité et l'aisance s'installent et nous arrivons à la PAX ROMANA. Période de remarquable prospérité pour la région malgré le protectionnisme de Rome qui interdit à nos braves autochtones la culture de la vigne et de l'olivier pour importer leurs amphores de Campanie. La région s'organise, se structure, fait une mise en valeur des terres ; routes et chemins quadrillent le pays, permettant ainsi le commerce et l'exploitation des mines. Pas une commune dans notre canton qui n'ait ses propres vestiges : Montlaur, Taurize, Saint Pierre des champs, Talairan, Tournissan, Villemagne, et j'en passe sans aucun doute. L'agriculture aussi se développe, les interdictions tombent et désormais place à la vigne, s'il vous plaît, à l'olivier, aux céréales, à l'élevage dans les zones de garrigues.
Mais, hélas, rien n'est éternel ! Voila les Wisigoths qui entrent en scène; en douceur, dirons nous ! Si Narbonne devient Wisigothique en 461, ceux ci mènent une politique de conciliation, respectent les structures religieuses et juridiques créées par la Pax Romana (nombreux vestiges d'objets de métal : bagues, boucles de ceinturons aux motifs géométriques d'inspiration nettement orientale). On érige de petits sanctuaires rustiques un peu partout sur le territoire jusqu'au IX ème siècle à peu près.
Mais la civilisation Wisigothe ne résiste pas à la tornade sarrasine. Elle dure peu et n'a guère laissé de traces archéologiques. La tradition locale situe le dernier raid sarrasin au lieu dit de Borde Rouge dont la terre, dit la légende, garde les traces de tout ce sang versé (793).
Le IX ème et le X ème siècle voient la multiplication de petites églises et de monastères sur l'assise d'anciens temples : petites merveilles d'un roman primitif. Un des points forts sera l'abbaye de Lagrasse dont la légende attribue la formation à Charlemagne lui même. Très puissante, elle rayonne dans tout le sud de la France et en Catalogne.
Nous arrivons doucement à une société féodale. Les seigneurs règnent sur le pays taxant serfs et paysans. En parallèle les Evêques plus puissants que jamais mennent une vie princière. Comment donc ne pas comprendre l'énorme fossé entre ces brillants prélats et le petit peuple avide de doctrines plus pures ? De cet abîme, naît le catharisme venu de doctrines orientales. Nous passerons sur cette fameuse croisade contre les albigeois, organisée par l'Eglise et qui blessa notre région au point que les souvenirs en restent encore déchirants. (Nous vous renvoyons à la littératue adéquate qui abonde un peu partout). Signalons simplement que "les gens d'ici" la portent comme un blessure mal refermée. La conlusion de tout ceci est que le pays devient possession royale. Cependant notre région, sous l'impulsion d'un essor économique, se développe ; la langue occitane s'élabore et s'écrit à peu près comme aujourd'hui.
Le XIV ème siècle est sombre pour tout le royaume. La peste noire sévit partout et achève l'oeuvre morbide des disettes successives (30% de mortalité). La panique et l'horreur règnent vers 1350. Mais un malheur ne vient jamais seul : la guerre de Cent Ans entre en France et marque les gens en la personne du fameux Prince Noir. Les "Routiers", soldats démobilisés en 1360 terrorisent les populations : on "s'emmuraille" pour se protéger. Même l'abbaye de Lagrasse construit ses remparts. La Région ne retrouvera sa prospérité qu'au XVI ème siècle ; les communautés villageoises à ce moment là vont reprendre du poil de la bête et lutter pour l'acquisition d'une plus grande autonomie.
Pendant le XVII ème siècle les communautés villageoises s'organisent administrativement (désignation des consuls, gestion de la communauté). C'est pourtant un siècle difficile : la peste, les rigueurs du climat, l'insécurité retardent le développement de la région. Le canton subit les soubressauts causés par la révolte du Duc de Montmorency, gouverneur de toute la province. "Autonomisme" avant la lettre de ce prince vaincu et executé à Toulouse en 1632. Louis XIV consolide sa puissance royale.
Le XVIII ème voit une amorce de reprise économique sous l'influence d'une poussée démographique. La bourgeoisie commerçante s'enrichit et tire ses profits de l'élevage de brebis (cheptel très important). Notre région a évité les soubressauts tragiques que connurent d'autres provinces pendant la Révolution. Le département est créé en 1790. Mais la mort des oliviers due à un hiver très rigoureux provoque une crise économique. Certaines communes comme Montlaur sont duremment touchées. Rieux en val connaît un soulèvement populaire. Dans ce contexte, on rédige les fameux cahiers de Doléances. Mais les lois révolutionnaires affaiblissent la catégorie la plus pauvre de la population. S'ensuivent de nombreux conflits entre les éleveurs et les paysans défricheurs car leurs interêts sont tout à fait antagonistes. Peu à peu l'élevage décline en partie à cause de la volonté des agriculteurs.
Le XIX ème va connaître une véritable révolution agricole. Nous passons d'une polyculture autarcique à une monoculture viticole de type industrielle. La vigne fait fuir le mouton et les céréales. Pourtant, cet animal avait été pour la région une grande source de richesse (12 tanneries à Lagrasse en 1833 et 15 000 moutons encore en 1807). Mais le cheptel disparait lentement dans la deuxième partie du XIX ème. Le vin devient de plus en plus rentable. La culture de l'olivier est abandonnée. L'accroissement des populations urbaines et la construction du chemin de fer amènent une prospérité étonnante. Les terres médiocres sont revalorisées.
Au début du XX ème la vigne fournit à nos habitants le plus gros de leurs revenus. Plus de céréales : l'Aude est devenue tout à fait viticole. Et de là, commencent à naître les problèmes : surproduction, pratiques douteuses des négociants parisiens, provoquent un effondrement du prix à l'hectolitre. Par ailleurs, le philoxéra qui avait épargné pour un temps nos vignes fait son apparition ici mais on reconstitue vite le vignoble. On produit surtout du "gros rouge" : beaucoup de randement pour peu de qualité. 1907 voit le pays s'embraser ; la révolte gronde partout, soulève les foules dans les villes importantes et fait jaillir des leaders charismatiques comme Marcelin Albert.
Plus tard, les vins venus de "l'autre France" (Algérie, Maroc, Tunisie) créent une mévente chez nous. En 34 les prix s'effondrent. Nouvelle crise, interrompue par la deuxième guerre mondiale. Dans les années 50 nait chez le vigneron la conscience d'une lutte pour sa survie. Après la guerre d'Algérie, les malheurs de la vigne occitane viennent toujours des importations italiennes. Le 31 mars 1963, premier commando. De la crise naissent de nouveaux leaders, le plus célèbre étant Maffre De Baugé. Création d'un syndicat de jeunes agriculteurs. La crise s'intensifie ; le vin se vend très mal. Les années 60 voient la lente asphyxie de la viticulture. Les tensions montent jusqu'à l'insupportable. Les manifestations violentes se multiplient un peu partout et le midi fait la une de la presse nationale. Mais Paris semble toujours faire la sourde oreille. Les revendications de mai 68 ont sensibilisé l'Intelligenzia locale : chanteurs (Marti), poètes (Yves Rouquette), théâtreux (Théâtre de la carrièra), bref tout un mouvement culturel se met en place. La France ahurie redécouvre cette terre millénaire, théâtre de bien des drames. Les consignes au goût du jour ? : "Volem Viure al Pais". Pourtant à bout de nerfs, les vignerons s'organisent ; la violence monte de plusieurs crans et c'est le drame inévitable. 76, c'est la fusillade de Montredon qui fait un mort dans chaque camp. Tout le monde est sous le choc.
Il ne s'agit pas ici de faire un récit exhaustif de cette guerre du vin dont les actions perdurent épisodiquement. Nous vous renvoyons à une bibliographie adéquate. Sachez pourtant que derrière nos si beaux paysages de carte postale il y a l'histoire passionnante de ces "gens d'ici" ; ils l'écrivent encore tous les jours.